Lien Juillet à Septembre 2019

Édito :

Plus que jamais les temps sont incertains. Guerre commerciale sino-américaine qui cache mal l’autre guerre américano-européenne, tensions avec l’Iran et la Corée du Nord, nationalismes galopants en Europe, élections européennes qui désagrègent encore plus l’échiquier politique traditionnel, spasmes éruptifs et insurrectionnels à l’intérieur de l’hexagone, compte à rebours écologique qui a commencé … Nous ne reconnaissons plus le monde dans lequel nous avons grandi. Ou plus exactement, nous ne reconnaissons plus le monde tel que nous l’imaginions aller vers toujours plus de démocratie et de liberté. Depuis l’euphorie paroxystique que fut la fin du bloc de l’Est et la chute du mur de Berlin, que de reculs et de déceptions ! Plus de rêve, plus d’utopie, plus de vision, juste le temps présent qui essaie de tenir tant bien que mal.
Comment vivre tout cela en tant que chrétien ? En revenant au fondement de notre espérance. En ces temps de la Pentecôte il nous est
donné un Esprit pour vivre et grandir en communion avec
Jésus dans l’attente de l’établissement de son règne. Un
règne qui n’a jamais été présenté comme l’aboutissement
d’un progrès social, un avenir que l’humain se donnerait à lui même,
mais comme une irruption suscitant l’étonnement de
tous, jusqu’à ceux qui l’espèrent. Le monde passe, disait Paul,
il faudrait dire « les mondes ». Qui s’en effraierait ? Pas le
chrétien. Il connaît bien la vanité et le souffle des temps
présents qui se succèdent et se ressemblent. Ni indifférent,
ni craintif, il espère, il prie, il veille et il travaille humblement
à ce Règne qui vient, il en vit les prémices, et cela s’appelle
l’utopie. Dans un monde qui n’a plus de vision, le Saint-Esprit
nous garde dans une espérance marquée par le calme et la
confiance. N’est-ce pas ce dont le monde a tant besoin ?

Pasteur Xavier Langlois

Réflexions sur l’accompagnement de la fin de vie
par Xavier Langlois

Comme beaucoup de Français, je me suis senti comme pris à
parti par une actualité dramatique mettant en scène une
famille déchirée autour d’un être qui lui est cher, Vincent
Lambert. Je ne connais pas le dossier médical et quand bien
même le connaîtrais-je, je ne suis pas médecin, donc en rien
compétent pour écrire quoi que ce soit sur cette situationlà.
Pour autant, et c’est le drame d’une société hypermédiatisée,
le débat, brutalement jeté à la face de la
société, la requiert d’une certaine façon pour en faire son
témoin et, ainsi, la somme de trancher la question en «
choisissant son camp ». Je voudrais bien rester neutre, me
déclarer incompétent, mais le questionnement sociétal
m’oblige à m’interroger et plus encore lorsque ces questions,
ou plutôt ces réponses, sont brandies comme programme
politique en pleine campagne pour les européennes. Non
seulement la question est éminemment difficile, non
seulement elle m’est brutalement jetée en pleine face, mais,
de surcroît, elle nourrit un enjeu politique en vue de creuser
des luttes partisanes pour, in fine, vaincre un rival par les
urnes démocratiques.
Que dire face à tout cela ? D’abord, qu’en tant que chrétien,
je ressens le devoir de ne pas prendre parti. Pour être plus
exact, je me sens de tous les partis. Comment pourrait-il en
être autrement ? Le disciple de Christ a vocation à se tenir
à côté de celui qui souffre, c’est le propre même de la
compassion à laquelle nous sommes appelés.
Comment alors, ne pas être saisi par la souffrance de tous les membres de
cette famille, quel que soit leur déchirement. Tous pleurent
un être dont la situation les éprouve dans leur chair comme
dans leur conscience. Tous sont dignes dans leur épreuve
parce qu’ils réagissent avec leur sensibilité, et la première
forme de compassion est de respecter cette douleur et
cette dignité, sans les qualifier au nom d’une idéologie, fûtelle
celle de la foi.
Mais, se réclamer de tous les partis, n’est-ce pas une façon
de se marginaliser, de se retirer, de ne pas prendre part au
questionnement de la société ? N’est-ce pas une façon de
manquer à ses responsabilités en se refusant à toute parole
éthique, engagée, et donc libératrice ? Plus gravement
encore, ne pas prendre parti, n’est-ce pas laisser aux autres
ce qui sera décidé pour moi ? Comme tous les Français
spectateurs de cette actualité, je sais (ou je crois savoir) ce
que je souhaiterais et ce que je ne souhaiterais pas, et
prendre part au débat, c’est faire entendre mes aspirations.
Ce n’est évidemment pas dans un article d’un journal de
paroisse que je vais résoudre cette immense question de la
fin de vie, mais je voudrais néanmoins partager deux
principes qui gouvernent ma réflexion. Le premier est de
réfléchir aux critères qui me poussent à une décision ou une
action. En tant que chrétien, je ne connais de l’évangile qu’un
seul critère : l’amour. Jésus est celui qui, d’un point de vue
éthique, a radicalisé l’exigence de l’amour. Que l’on se
souvienne du sermon sur la montagne : tous les
commandements de Moïse ont été radicalisés en des exigences extrêmes (le fait de traiter de fou son prochain
sera passible de la géhenne !). L’amour du prochain est non
négociable, absolu, radical. Oui mais, une fois que l’on a posé
cette exigence, encore faut-il savoir la décliner. Avec la
meilleure volonté du monde, est-on sûr d’aimer toujours
correctement ? Peut-on être certain, même au nom de
l’amour, de faire les bons choix ? L’amour nous prévient-il de
toute forme d’incertitude ? Certainement pas, nous le savons
très bien, l’amour ne garantit rien, plus encore, par amour,
nous pouvons faire mal, faire du mal.
Aussi, comme l’a justement écrit Søren Kierkegaard, et c’est
mon second principe, l’éthique est un choix impossible et
donc une source d’angoisse. Quand l’être humain se décide à
quelque chose, rien ne garantit la justesse de son choix. Le
philosophe luthérien va jusqu’à dire que l’individu fait
toujours faillite dans sa tâche éthique. Du coup, il énonce que
le repentir est la forme la plus haute de l’expression éthique.
En clair, le repentir est le corollaire de la difficulté à bien
agir. Voilà la pierre angulaire sur laquelle je me tiens : par
amour, nous nous devons à l’autre, mais nous n’aurons jamais
la certitude de savoir ce qu’il faut faire pour bien faire, et
donc, tout choix implique un repentir, l’acceptation de cette
incertitude. Pouvons-nous réellement vivre dans cette
angoisse ? Oui, à condition de la placer sous la bannière de
notre conviction protestante, la Sola gracia (gratia ?), la
grâce seule de Dieu. L’éthique est un risque, mais notre salut
ne se joue pas là, notre vie en Dieu ne se réduit pas à la
subjectivité de nos décisions. Parce que nous sommes aimés de Dieu, parce qu’en Jésus-Christ nous sommes pardonnés et
pleinement enfants de Dieu, nous sommes libres d’un
légalisme auquel il faudrait répondre avec justesse. Le salut
ne se joue pas dans le « bien faire » mais dans « l’être en
Christ ». L’angoisse ne se dépasse pas dans une conviction
subjective brandie comme vérité, mais dans l’assurance que
celui qui nous a pardonnés ne nous retire pas sa grâce lorsque
nous nous risquons à une décision. En clair, en tant que
chrétien je me sens autorisé à dire à une famille « en Christ,
vous avez le droit de laisser aller celui qui vous est cher » et
je me sens le coeur d’accueillir celle qui ne peut s’y résoudre.
Plutôt que d’ajouter du feu sur de la brûlure, le Christ nous
invite à l’exercice d’une liberté marquée par sa grâce.
Ce faisant, si je ne prends pas parti, je ne me tiens pas non
plus dans l’indifférence. J’essaie juste de me souvenir que, si
la liberté d’être et d’agir est précieuse, elle est aussi
douloureuse et fragile, et surtout, menacée par des discours
prétendant à la vérité et qui, au bout du compte,
culpabilisent toujours. Je ne suis ni médecin, ni juge :
seulement un chrétien qui essaie de comprendre et qui essaie
de dire que, devant les questions qu’ouvrent les progrès
techniciens (face à la mort comme face à l’immortalité),
l’incertitude est de règle, mais la grâce permet de tenir
humilité et courage pour prendre des décisions en toute
bonne conscience. Je n’ai de leçon à donner à personne, juste
à dire qu’il n’y a pas de coupable.

De tout temps, Dieu a honoré et vénéré au travers la
musique. Ainsi, nul besoin de rappeler les oeuvres de Jean
Sébastien BACH dédiées à notre seigneur notamment par
la composition de cantates religieuses inspirées d’une
profonde foi chrétienne mais aussi des passions, comme
bien d’autres compositeurs.
De nos jours, à chaque culte, nous chantons tous les
cantiques avant et après la lecture des évangiles.
Après en avoir débattu lors d’un conseil presbytéral et
avec l’approbation enthousiaste de notre pasteur Xavier
LANGLOIS, il nous est apparu opportun d’envisager la
création d’une petite formation musicale visant à
dynamiser et faire naître plus de dévotion tout en
modernisant nos possibilités d’expression sans aucune
prétention.
Ainsi, si vous êtes musicien, nous vous invitons à nous
rejoindre e nous contactant pour mettre en œuvre ce
projet.

Christophe LOTTERIE

BILLET BIBLIQUE: aimer sur commande ?
par Colette Dantu

L’amour peut-il se commander ? Si c’est un commandement,
est-ce encore de l’amour ? On le sait avec CARMEN :
«L’amour n’a jamais connu de loi… » Avec Jésus, c’est autre
chose ! Peu avant sa crucifixion, lors d’un discours d’adieu
à ses disciples, Jésus dit : Je vous donne UN
COMMANDEMENT NOUVEAU : que vous vous aimiez les uns
les autres, comme je vous ai aimés… Si vous avez de l’amour
les uns pour les autres, tous sauront que vous êtes mes
disciples ». Un commandement nouveau ? Déjà dans le livre
du Lévitique (19/18) il est dit : « Tu aimeras ton prochain
comme toi-même », un amour à entendre dans son contexte,
au sens de RESPECT et JUSTICE envers le prochain = celui
qui se trouve à côté de toi et que tu n’as pas forcément
choisi !
Pour Jésus ce commandement est nouveau au sens où nous ne
pouvons vivre l’amour qu’en observant la relation qui unit
Jésus aux Hommes, lui qui a aimé TOUTE l’humanité, les gens
« bien » comme les « infréquentables », les prostituées, les
collecteurs d’impôts, et même ceux qui l’ont crucifié (« Père,
pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font!»). «
Comme je vous ai aimés »,c’est de cet amour-là que Jésus
nous recommande de vivre avec les autres ; mais il n’exige
pas de nous l’impossible, car il connaît nos limites : il nous
engage à mettre à l’épreuve cet amour envers l’autre, malgré
sa différence, même si ce n’est pas toujours facile ! Le
commandement d’amour, dans son exigence, met en lumière
la nécessité d’accueillir l’autre dans sa différence. Cela doit
être possible si, malgré notre fragilité, nous nous appuyons
sur l’amour du Père et celui du Fils : c’est Dieu qui nous donne
alors la force d’aimer, l’amour « circule » entre Dieu et
Jésus, entre Jésus et les Hommes, entre les humains entre
eux, un AMOUR COMMANDE, qui rendra « notre joie
complète » (Jean 15/11).

Clin d’oeil biblique
par Colette Dantu

D’où vient l’expression:Œil pour œil,dent pour dent ? Pour
le savoir, à vos Bibles!
Réponse à la précédente question : Pleurer comme une
madeleine:dans les Evangiles, une femme, Marie,originaire
de Magdala, village proche du lac de Tibériade, fait partie,
avec d’autres femmes, du groupe de disciples qui suivent
Jésus dans sa mission (Luc8/2). Elle est au pied de la croix,
quand Jésus agonise, et devant le tombeau vide, à l’aube du
troisième jour, elle est en pleurs, avant que deux anges vêtus
de blanc, puis Jésus lui apparaissent ; elle est le premier
témoin de la Résurrection. Marie de Magdala-devenue
Marie-Madeleine-a parfois été confondue avec la femme
anonyme-mais « de mauvaise réputation » (Luc8/2) qui baigne
de ses larmes les pieds de Jésus, parce que Marie de
Magdala avait été guérie de « sept démons » par Jésus !
Dans le langage populaire, « pleurer comme une madeleine »,
c’est verser des larmes abondantes.